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Une certaine légende de

La Course Automobile des 50'ies aux 70'ies
 16  C'était avant-hier -=- AUTOMNE 68 Histoire
Posté le 2009-12-07 21:51:18 par Guy


  C'est l'automne. Les feuilles d'impôts se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi ...
  On va laisser de côté les impôts et les regrets (ce n'est pas bon pour le moral) et on ne va garder que les souvenirs.

  La rentrée automobile est une période traditionnellement chargée. Celle ci n'échappe pas à la règle avec comme évènement exceptionnel supplémentaire, les 24 Heures du Mans qui n'avaient pu avoir lieu en Juin.
  Mais pour les dingues de la bagnole l'évènement incontournable de l'automne est bien le Salon de l'Auto de Paris.



  De mon temps, s'ignorer en tant qu'automobiliste n'était pas dans le vent. La bagnole était une des principales préoccupations des Français.
  Et oui, en ce temps là, la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui...
  Tiens ? Prévert connaissait-il déjà le réchauffement climatique ?...




  Automne 68

  LE SALON DE L'AUTO DE PARIS


  Cette 55ème édition est un millésime exceptionnel : la barre du million de visiteurs en dix jours est dépassée. En dépit d'un climat social encore incertain les Français sont venus malgré tout rêver à leur prochaine voiture.
  Dans les nouveautés françaises, on remarque principalement, la Renault 6, la Renault 8S., la Peugeot 504 et une Simca 1000 nouvelle version.

  Ca, c'est pour le raisonnable. Mais il y a des stands où on en prend plein les yeux : Ford, General Motors, Lotus, Marcos, Ferrari et surtout Bertone.


  Un petit éventail de prix, histoire de savoir de quoi on parle : Renault 8S-8750 F, Renault 8 Gordini-14 410 F, A110 1300 G-25 900 F, Ford Mustang 351 FastBack 34 585 F, Porsche 911 S-45 000 F, Ferrari Daytona 95 000 F. J'arrête là ...


  C'est aussi la saison de l'aubergine ...


  Les 400 contractuels de la ville de Paris ne suffisent plus au bonheur du Préfet Grimaud.
  Il a ainsi décidé de leur adjoindre 12 contractuels de la gente féminine.
  Belle nouveauté mais qui ne change rien à l'essentiel : une prune reste une prune !!!

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  Actualités sportives

  Les 24 Heures du Mans

  Cette année Le Mans est la dernière épreuve du Championnat International des Marques. Avant le départ, le classement est le suivant : 1er Porsche 42 points, 2ème Ford 40 points. La dernière manche sera donc décisive.
  A noter, en Septembre la nuit tombant plus vite qu'en Juin, la direction de course a décidé que le départ aura lieu exceptionnellement à 15h00.


  Les données du problème sont simples : Ford doit gagner. John Wyer le directeur de l'écurie Gulf présente trois GT assistées par deux GT 40 d'écuries associées pour conquérir le Graal. En face l'équipe d'usine Porsche aligne quatre 908, accompagnées par trois 907, une 906 et une 910 préparées par des écurie privées.

  Estimant le réglement trop défavorable Ferrari n'aligne aucune voiture officielle. La firme de Maranello est représentée par l'écurie NART. C'est en fait Alfa-Roméo qui représente dignement l'Italie avec quatre Alfa 33 prototypes V8 2 litres.

  Du côté des français, Matra continue son apprentissage en présentant une seule 630 équipée du V12 maison et pilotée par Pescarolo-Servoz Gavin.


  Par contre chez Alpine c'est l'armée mexicaine. Pas moins de sept machines d'usine sont alignées et cinq autres par des privés. Dans cette armada on compte cinq A220 motorisées par le V8 3 l préparé par Amédée Gordini. Tous les espoirs sont placés dans ce moteur qui doit permettre de briguer la victoire suprême dans les années qui viennent.

  Dans un stand voisin on remarque une bien belle voiture : la MOYNET-SIMCA qui devrait être un concurrent sérieux d'Alpine pour la victoire à l'indice de performance ou de rendement.


  Samedi matin le soleil est au rendez-vous, mais il disparait dans l'après-midi où la pluie s'invite quelques minutes avant le départ. Panique dans les stands où le choix de pneu est remis en cause.
  C'est sur une piste détrempée que les pilotes s'élancent pour 24 heures de folie.
  Au petit jeu de "qu'importe le pneu pourvu qu'on est la vitesse" c'est Porsche qui s'en sort le mieux : à la fin de la première heure, trois Porsche sont en tête, suivies par Jean Guichet sur Alpine A220 V8, mais à déjà un tour ! La première Ford de Pedro Rodriguez et Lucien Bianchi n'est que 9ème !
  La domination des Porsche est sans partage jusqu'à la fin de la quatrième heure où la Porsche de Siffert-Hermann compte 2 tours d'avance sur la Ford de Rodriguez-Bianchi. Mais en quelques tours la Porsche de tête abandonne sur panne de transmission et celle de Patrick-Buzzeta s'arrête au stand pour commencer à soigner un embrayage pas vraiment au mieux. Renversement de situation immédiat et deux Ford prennent la tête de la course. A la tombée de la nuit la Porsche 908 de Patrick-Buzzeta retrouvera bien la tête de la course à la faveur des ravitaillements mais peu avant minuit l'embrayage et l'alternateur rendent l'âme : c'est l'abandon.
  Au tiers de la course Rodriguez-Bianchi mène devant ... Pescarolo-Servoz Gavin et leur Matra 630 qui sans faire de bruit, petit à petit ont remonté place par place pour se retrouver deuxième à quatre tours de la voiture de tête. Les supporters français se prennent à rêver.
  A la mi-course au beau milieu de la nuit la pluie se remet à tomber de plus belle. C'est le début du morceau de bravoure de cette édition.
  La Matra n° 24 tombe en panne d'essuie-glace et après plusieurs tours à l'aveuglette Servoz-Gavin refuse de prendre plus de risques. Compte tenu des conditions atmosphériques et de la nuit, l'abandon est irrémédiable. Mais Pescarolo n'accepte pas de laisser tomber pour une raison aussi stupide. A la stupeur des mécanos il reprend le volant et s'engouffre dans la nuit mancelle et son rideau de pluie. Durant trois heures et deux relais il va frôler le pire mais il va surtout continuer à rouler aussi vite que la meute et maintien la pression sur l'Alfa qui leur avait repris la deuxième place. C'est à l'aube, alors que la pluie a enfin cessé qu'il redonne le volant à Servoz-Gavin comme si ne rien n'était. Incroyable Pesca !!!
  Un autre pilote se fait remarquer, il s'agit de Jean-Luc Thérier qui au volant de l'Alpine A210 1296 cm3 va la nuit durant et sous la pluie, faire la nique aux Alfa-Roméo, Porsche 2,2l et autres 3 litres.
  A 9 heures du matin Servoz reprend la deuxième place. Mais en fin de matinée les supporters français vont déchanter.
  11h37 - Après un long arrêt au stand, Mauro Bianchi repart au volant de l'A220 n° 27. 11h38 - Il se présente au gros freinage du S qui précède le Tertre Rouge et là, c'est l'apocalypse ! L'Alpine se déporte à gauche, touche les fascines, traverse la piste et explose en touchant les fascines à droite. Les flammes sont terribles et par chance Mauro Bianchi peut s'extraire rapidement de la voiture et ne sera "que" brûlé aux mains et au visage.

  La bagarre pour la deuxième place a perdu en intensité : l'Alfa accumule les arrêts au stand et la Matra s'installe en dauphine de la Ford de tête. Mais à 12h10 c'est la tuile : la 630 crève de l'arrière à Mulsanne au bout des Hunaudières. Pesca continue, mais à peine 400 mètres plus loin le pneu se déchiquète et provoque un début d'incendie vite circonscrit par Pesca lui même. C'est fois ci, l'abandon est inévitable. Dommage ...

  Rodriguez-Bianchi file vers la victoire et Ford gagne le Championnat International des Marques. Matra a pris date et Alpine se console avec les victoires à l'indice de performance (Andruet-Nicolas) et de rendement (Tramont-Thérier).

  Cette 36 édition des 24 Heures du Mans est à classer parmi les très bons millésimes !


  Formule 1

  Il reste quatre Grand Prix pour décider du titre de champion du monde. Hill, Stewart et Ickx sont les mieux placés à la veille du Grand Prix d'Italie à Monza.
  Mais c'est un quatrième larron, Dennis Hulme, qui remporte la manche italienne devant Ickx et se replace dans la course au titre. A noter la 2ème place de Servoz-Gavin sur Matra-Ford et la 5ème de Beltoise sur Matra V12.


  Pour la fin de saison toute la caravane de la F1 traverse l'Atlantique et se retrouve sur le circuit du Mont Tremblant au Canada. Rebelote pour Dennis Hulme qui s'impose. Hill se contente de la 4ème place et Stewart de la 5ème. Ickx se fait peur en sortant de la route en raison d'un blocage d'accélérateur. Mais surtout il se fracture la jambe et ne sera plus de la lutte finale.

  Les camarades Hill et Hulme sont au coude à coude avec 33 points devançant Stewart avec 27 points.
  Avant dernière manche à Watkin's Glen au USA. La course est limpide et Stewart gagne devant Hill. Hulme cède du terrain avec un zéro pointé pour une 8ème place.


  Le titre va se jouer à Mexico entre ces trois protagonistes avec un avantage certain pour les sujets de sa majesté.


  La Coupe des Alpes

  Cette édition 68 a bien failli ne pas avoir lieu : délaissés par leurs partenaires habituels, l'A.S. et l'A.C. de Provence ont malgré tout réussi, en augmentant les droits d'engagements, à organiser cette épreuve, un brin démentiellez vu de notre 21ème siècle.

  Le parcours est découpé en trois étapes de Marseille à Juan-les-Pins en passant par Aix les Bains pour un kilométrage d'environ 3700 kilomètres ! Peu de cols des Alpes seront épargnés par le passage des bolides. Autant dire que la tâche qui attend les pilotes et leurs voitures est titanesque. Trop peut être ...
  Les écuries officielles BMC et Porsche ne se sont pas déplacées mais le plateau est de qualité avec les équipes Alpine, Alfa-Roméo, Lancia et Ford. Renault ayant concentré ses efforts sur Alpine, le soin est laissé aux privés de représenter la maison mère avec pas moins de onze R8 Gordini.


  Alpine se présente en favori avec trois prototypes 1440 de 130 ch et deux 1300 S. Au volant de ces voitures d'usine on trouve déjà la brochette de pilotes qui vont faire les grands jours du rallye français : Vinatier-Jacob, Larousse-Callewaert, Piot-Granval, Andruet-"Biche" et Nicolas-Roure. Sept voitures privées complètent l'armada de Berlinettes. La concurrence est composée d'Alfa Roméo GTA, Lancia Fulvia HF et Ford Escort.

  Le départ est donné à 20h45 du Vieux Port de Marseille. 64 voitures ont rendez-vous avec l'enfer.

  A peine arrivé à la Sainte Beaume la pluie fait son apparition et rend la chaussée glissante. La caravane est maintenant dans l'arrière pays niçois et enchaîne les secteurs sélectifs 4-Chemins, Sigale, Entrevaux. En même temps que les gouttes, les pénalités pleuvent.

  Samedi à 7h30 du matin les concurrents se présentent au départ de la seconde épreuve de classement Péone-Valberg. Larousse réalise son 2ème temps scratch et on compte déjà ... 23 abandons et la journée est encore longue.
  Digne, Pas de la Graille, Valserres, Gap, Col de l'Homme, La Mure, Laffrey, Col du Glandon, du Cucheron, Champ-Laurent, 19 heures Col du Frêne. Il ne reste que 33 équipages au départ de la dernière spéciale de la journée. Piot remporte l'épreuve et les rescapés se présentent à 20h00 à Aix-les-Bains où seront généreusement accordées 30 minutes d'assistance avant le régime de parc fermé.   Ce sont les frères Gamet sur Alfa GTA qui sont en tête et une fois les carnets de route dépouillés il n'y a plus que 25 concurrents en course. Une hécatombe ! A ce rythme là, on se demande s'il restera encore une voiture pour terminer la course.

  Après 3 jours de repos la deuxième étape Aix-Les-Bains/Aix-les-Bains comptant 850 km débute le mercredi matin de bonne heure. Les montagnes russes reprennent : Mont Revard, Saint-Michel des Portes, Col de Menée, Saint Nazaire, Col de Tourniol, de la bataille, La Cime du Mas, la Chapelle en Vercors, Col de l'Iseran et pour finir Col de la Charmette. Ouf !!!
  Les espoirs d'Alfa en prennent un sérieux coup avec la sortie de route des frères Gamet. Dans cette Coupe des Alpes les épreuves de classement n'ont que peu d'influence par rapport aux secteurs sélectifs où il est très difficile d'échapper aux pénalisations. A la fin de cette 2ème étape Vinatier est en tête devant Trautmann sur Lancia et Barailler sur Alfa. Ils ont fait le trou et la victoire se jouera entre eux.
  Il n'y a plus que 16 équipages en course pour la dernière étape ...

  Au départ d'Aix-les-Bains "il ne reste plus" aux rescapés qu'à rallier la Côte d'Azur par le plus simple des chemins : Le Petit-Caton, Mont Revard, Val d'Isère, l'Iseran, Lautaret, Col D'allos, Col de restefond, Entrevaux, Pont des Miolans et 1530 kilomètres de plus au compteur.
  Réputée comme la plus difficile, cette étape inquiète les organisateurs.


  Pour les concurrents le chronomètre est presque secondaire. L'objectif c'est d'arriver ! Les mécaniques sont au bout du rouleau : fuite d'huile, transmission, surchauffe, joint de culasse, crevaison, tout y passe.
  Finalement ceux sont 12 voitures qui arriveront au terme de cette Coupe, qui consacrera Vinatier comme le grand vainqueur devant Barailler et Trautmann.


  Une seule Gordini est arrivée au bout de ce périple à la 11ème place; c'est celle de Houel-Lagier.
  Nous sommes samedi en fin d'après-midi après la distribution des prix. Bien qu'ayant conduit la majorité du temps (son équipier étant malade) Lagier va reprendre la route avec sa Gordini, pour être au départ Dimanche, de la manche mancelle de la Coupe Gordini !
  Quelle santé !!!


Et la Gorde dans tout cela

  Excellente transition pour parler de la fin de la troisième saison de la Coupe Gordini. Lagier et Blondel tiennent toujours le haut du pavé mais un autre larron dénommé Trollé pointe le bout de sa calandre 4 phares en haut du classement.
  Au Bugatti, Trollé et Blondel remporte chacun leur série. Lagier dans la foulée de la Coupe des Alpes se contente d'une troisième place. Quand même un peu fatigué le lascar ...
  Une semaine après, tout ce beau monde se retrouve à Reims. Et là coup de théâtre, Blondel est exclu de la Coupe pour voiture non-conforme (hauteur de culasse). Après une grosse bagarre, Lagier s'adjuge la course devant Trollé .

  La finale sur deux manches se déroule à Albi le 22 Septembre. Le coefficient 50 appliqué aux deux séries permet à beaucoup de concurrents de rêver encore à la victoire finale. Mais il n'y aura pas de surprise. Trollé fait un et deux et remporte la troisième Coupe Nationale Renault 8 Gordini.
  Classement général : 1er Trollé 2410 pts, 2ème Lagier 1990 pts, 3ème Darniche 1560 pts, suivent Drewitz, Guitteny, "Daxem", Lefèvre, Bourion, Bouillard, Lemiale. Lagier se console avec la 1ère place au Premier Pas Dunlop.

  La Coupe Gordini a fait sa place dans le paysage automobile français et devient un des évènements majeurs de la saison sur circuit.

La cote qui fait toujours mal ...

Modèle Neuve 1967 1966 1965
R1134 - - 6000 4800
R1135 14500 8800 - -

En Francs, évidemment !

Petites Annonces

  Regardez bien à gauche la 4ème annonce en partant du haut ... Alors, c'est qui le coupable ?... Allez, il y a prescription depuis 41 ans !

Et voilà pour l'automne 68

  Dans la prochaine édition de "C'était avant-hier" : le dénouement du championnat F1, les derniers lauriers de la saison, le Monte Carlo 69 et vos rubriques habituelles.
  Si jamais vous avez une idée de rubrique, n'hésitez pas, il n'y a qu'à demander.

  Bonne lecture et à bientôt !

Textes : Guy PAWLAK - Sources : L'Automobile Magazine, Sport Auto, Moteurs, L'Equipe, L'année 68 Echappement - nostalguy@r8gordini.com


Re: C'était avant-hier -=- AUTOMNE 68
par patrick (bis@r8gordini.com) le Mardi, 08 décembre 2009 à 14:43

Salut Guy
Merci pour cette nouvelle édition
On se rend compte qu'à l'automne 68, les vacances de l'été avaient très vite fait oublier les manifs et les pavés de cette année là !
La voiture était redevenue le centre d'intéret des Français, un art de vivre avec inconscience et bon sang, qu'elles étaient belles ces sportives...
Amicalement
Patrick


Re: C'était avant-hier -=- AUTOMNE 68
par Patrice Moinet (racingartsandco@orange.fr) le Jeudi, 23 décembre 2010 à 17:32

Felicitations pour ce résumé
une petite précision toutefois apres avoir participe à la Coupe de Alpes à peine l'arrivée jugée Bernard Lagier et Georges Houel prennent la route pour le Mans ou Lagier doit participer à la finale de la coupe. Mais il arrive à la fain des essais et doit partir en fond de grille.
Une autre époque non!

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